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ISABEL
LA POTIERE DE TUTAZA

Par Dauphine Scalbert
Article écrit pour la Revue de la Céramique et du Verre
mai/juin 1994 (N°76)
Articles écrits par Dauphine Scalbert


Boyaca est un des magnifiques départements de la Colombie pour ses paysages et sa végétation, et des plus intéressants pour son histoire. De part et d'autre d'un pittoresque petit pont de pierre, la fameuse bataille du Puente de Boyaca mit fin à la colonisation espagnole ; Simon Bolivar était passé par le village de Tutazâ, où il avait prié la Vierge du Rosaire, et quand il avait invoqué « la Sainte Vierge de là-bas où ils font des pots », il avait été victorieux au non moins célèbre Pantano de Vargas ; les statues de la Vierge et de Bolivar ornent donc le centre de la place du village, et maintenant, la « Vierge des petits pots », ainsi l'appelle-t-on, est vénérée tous les ans les premiers dimanches d'octobre et ceux qui précèdent le mercredi des Cendres.

Ces jours-là, le village est littéralement assiégé par une foule immense de pèlerins qui visitent l'église dans l'attente que leur soient concédés les miracles espérés. De très nombreux commerçants déballent leur camelote d'aluminium et de plastique autour de l'église, et les potières des environs apportent leurs jarres, leurs casseroles d'une livre ou deux pour le riz, leurs areperos sur lesquels on fait griller les indispensables galettes de maïs, et les miniatures en terre qui amusent les enfants.
Les potières ne sont pas très nombreuses, et viennent presque toutes du hameau voisin de Tuaté, à l'habitat dispersé sur les majestueuses collines escarpées. Elles conservent les rudimentairesmais belles techniques de fabrication et de cuisson ; il est de nos jours en Colombie très rare d'observer la cuisson des poteries sur le sol, sans four, telle que la pratiquaient les habitants de l'Amérique avant la conquête.
Nous sommes allées de Belen à Tutazâ à pied à travers le paysage humide et vert, parmi les parcelles de maïs, de blé et d'orge, les animaux s'interpellent de bon matin dans la vallée, les filets de fumée de la cuisson des derniers pots s'élèvent tranquillement ici et là, les maletas – les poteries sont serrées dans les filets de corde de chanvre, protégées entre elles par quelques herbes ou quelques fougères — sont acheminéees à dos de bourricot ou sur le dos des potières elles- mêmes ; les paysans de Tuaté se préparent pour la fête de la Vierge du Rosaire. Nous avons rendez-vous avec Isabel Garcia la vaillante potière. Elle nous attend pour cuire et nous guette depuis sa maison d'adobe minuscule au pied d'un gigantesque sapin, elle agite les bras en signe de bienvenue, nous pressons le pas. Les habitations de Tuaté sont toutes construites de la même façon, deux maisonnettes se faisant face, l'une est la cuisine, très obscure, avec son fourneau ou ses trois pierres pour le foyer, un bâti de branches tressées reçoit, sous le toit, les pots pour le séchage final. Face à la cuisine, l'autre maisonnette d'une ou deux petites chambres avec les lits de bois, les jarres contenant le grain, les sacs de patates, le maïs accroché au plafond hors de portée des rongeurs, les calendriers ou images pieuses sur les murs. Les repas ont lieu sous l'auvent central, c'est là qu'on se repose à l'abri du soleil ou de la pluie, c'est là qu'on s'installe pour travailler l'argile. A trois pas de la maison, le lavoir où l'eau claire et fraîche coule en permanence.
Quand nous arrivons chez Isabel, comme de rigueur, nous buvons le guarapo, cette boisson de maïs est sucrée, un peu alcoolisée, et désaltère. Isabel nous parle de son travail.
Les mines d'argile sont des lieux plutôt secrets ou William nous emmènera avec la permission de sa tante qui nous aura jugées dignes de toute confiance. L'œil exercé du gamin suit avec plaisir les oiseaux qui traversent la vallée en contre- bas ; il nous explique où se montre le diable la nuit, et comment la Sainte Vierge est apparue aux petites filles du village pour leur enseigner à filer la laine et à faire de pots. Les mines sont éloignées du chemin et l'on pense au dur labeur des potières, extrayant l'argile avec un pieu de bois car l'usage du métal risque d'épuiser les ressources de la mine, selon la croyance locale. Elle à sont peu aidées par leurs maris qui sont occupés dans les champs et il leur faut ramener la terre sur leur dos, parfois pendant plusieurs kilomètres. Pour les grandes pièces destinées à l'usage culinaire, elles mélangent une argile noire et sableuse avec une argile plastique jaune. De la qualité des argiles dépend le succès de la cuisson. Pour les petites pièces elles se satisfont d'une argile plus commune qu'elles trouvent plus près de chez elles.
Comme la terre sort de la mine, Isabella prépare sur une grande et grosse dalle de pierre plate, la pila, à l'aide d'une masse taillée dans un bois très dur, le pilon. C'est un travail pénible, Isabel est en sueur, elle mélange les deux argiles, en fait un tas qu'elle écrase avec le pizôn et sans cesse recommence ; quand apparais- sent les impuretés, elle les enlève l'une après l'autre ; elle ajoute de l'eau et se protège des éclaboussures avec un sac plastique noué autour de la taille.
Isabel a préparé la terre pour huit allas (marmites) dans lesquelles on pourra cuire la soupe de pommes de terre ou faire fermenter le guarapo. Elle est agenouillée dans la courette au pied du muret, ses outils et les huit moldes à portée de la main. Ceux qu'elle appelle moldes ou moules sont de véritables tournettes, en réalité des assiettes au fond arrondi. Elles tournent bien, en équilibre sur leur axe, et la potière y ébauche prestement ses pots.
En moins de temps qu'il ne le faut pour l'observer, elle forme une plaque grossière qu'elle arrondit comme un cône autour de son poing, et la plaque est déjà pot quand elle le fixe sur le molde à coups de poing ferme. Elle ajoute des colombins de terre, la terre monte, le pot tourne, déjà ébauché, le bord est soigneusement tourné et lissé. Plus tard dans l'après-midi, elle les reprendra en arrondissant la forme intérieure avec un caoutchouc, une semelle de chaussure, pour demain les affiner avec une lame de métal, comme d'autres le feraient sur le tour avec un tournasin. L'épaisseur sera égale, le pot léger, la forme naturelle et soyeuse.
Isabel a fini ses huit pots et couvre ceux d'hier de l'engobe si rouge que les femmes de Tuaté affectionnent particulièrement. Avec un chiffon lourd d'engobe elle enduit les pots encore humides. Après un temps de séchage, elle peut les polir avec une pierre fine et un rythme patient. Sa fille Nancy revient de traire les vaches et relaie sa mère dans les tâches domestiques. Javier, l'étudiant au retour du lycée donne leur classe de catéchisme aux enfants attentifs debout sur le chemin. Luis Alberto est aux champs avec son père, il ramasse les pommes de terre.
La vie quotidienne des paysans rythme les journées d'Isabel, qui comme les autres potières de Tuaté, ne travaillent que sur commande, ou pour les fêtes de Tutazâ, et les foires de Duitama, Santa Rosa ou Sogamoso.
Isabel a réuni une centaine de pots pour la cuisson. Si les journées ont été chaudes et ensoleillées, ils sont secs, néanmoins le travail de préchauffage pour cette cuisson si rapide est indispensable. Il faut aller chercher les pots sur le sarzo -c'est le bâti de branches tressées au dessus du feu de la cuisine pour le rangement et le préchauffage des pots. Isabel emporte ceux qui sont déjà chauds et enfumés. L'aire de cuisson est vaste, Isabel la nettoie et y étale une couche de cendre bien distribuée à l'aide d'une branche. Point de gros bois pour la cuis- son, mais un entrelacs serré, épais, forme un lit de bois souple pour recevoir les pièces. Les grosses ollas, remplies de pots plus petits, chorotes ou miniatures, les mollas et les mucuras sont alignées, emboîtées les unes dans les autres, l'enfournement paraît un jeu de plaisante géométrie avec tant de courbes généreuses.
Aux quatre côtés du lit de branches Isabel place les trancas qui sont de gros pots fendus ou ébréchés qui permettent au feu de respirer sous le touffu branchage.
Et finalement elle recouvre tous ces pots avec les areperos ressemblant ainsi aux tuiles d'un toit qui conserverait la chaleur.
Les hommes ont apporté sur leur dos deux charges de bois et deux charges d'herbes sèches des collines, qui est très dense, il faut l'aérer et son volume double. Isabel dispose quelques touffes sur les pots, allume le feu et le commande exactement selon son gré.
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Elle va couvrir petit à petit toute la surface de son four ouvert d'herbe sèche qui brûle avec une toute petite flamme et beaucoup de fumée ; il fait très chaud, le feu est rapide, quarante minutes plus tard, il est à court de combustible, ce feu. et les cendres sont comme neige sur la géométrie des pots.
La chaleur danse encore et si la cuisson est rapide, le refroidissement dure plusieurs heures, on doit se reposer un moment à l'ombre. Isabel nous suggère d'envoyer Alberto chercher de la bière au petit magasin et s'étend dans l'herbe.
Lorsqu'elle a des commandes quelque peu importantes, elle les exécute avec ses sœurs et belles-sœurs. Son neveu les distribue dans sa camionette, les pots vont très serrés, quelques fines herbes et fougères les protègent d'un contact direct entre eux. Ce précaire emballage, garanti par l'expérience, ne permet aucun acci- dent malgré les routes très cahoteuses du pays.

Entrevue

Avec Juan, 11ans
Ana — Chez toi, on fait des pots ?
Juan — Oui Madame, on en fait. Si vous voulez des bougeoirs on en vend... Aujourd'hui on va cuire, peut-être à deux heures.
Ana — Toi, tu fais des pots ?
Juan — Non... Ici, il n'y a qu'un garçon qui étudie et fait des pots, il étudie à Tutazâ.
Ana — Et toi, non ?
Juan — Non, moi, ici, je dois bêcher, et biner, et buter.
Ana — Tu n'aimerais pas faire des pots?
Juan — Si, mais mon père ne me laisse pas... parce qu'on doit semer. Moi je sème du mais, de l'orge, tout ça.
Ana — Qu'est-ce que vous avez à vendre ?
Juan — Des petites cafetières, de petites cruches, ma sœur, elle a deux douzaines de miniatures.
Avec William, 11 ans
William — On ramasse de la paille, environ deux voyages comme ça, et un peu de bois et on met les pots sur le bois et on allume, on met encore de la paille par dessus et ça commence à fumer, ca ne brûle pas, ça fume. Bon. Quand ils sont prêts, ils sont rouges, quelquefois ils sont noirs et il faut les recuire.
Ana — Combien de temps dure la cuisson?
William —Peut-être une demi-heure, ça ne dure presque rien, mais quand c'est fini, il faut laisser refroidir, après on emballe bien. Hier, nous avons vendu 12 maletas. (La maleta est le contenu d'un filet de chanvre adéquat pour le transport sur le dos).
Avec Clara, 48 ans Clara s'approche de l'aire de la cuisson que prépare Isabel, elle apporte quelque pots à cuire.
Ana — Et vous-même ne cuisez pas ?
Clara — Si, mais pas maintenant.
Ana — Vous cuisez de temps en temps chez vous ?
Clara —Deux ou trois fois par an, pas plus, parce que je suis seule et que personne ne m'aide. Mais parfois je cuis quelques pots, c'est pour la Semaine Sainte, c'est-à-dire pour le Dimanche des Rameaux. J'en avais une douzaine et je les ai vendus à la voisine. Aujourd'hui je ne cuis pas. Si je cuisais, je vendrais mieux que « cru »; sefiora Mathilde ousenora Emestine qui achètent mes pots, me payent à la douzaine. Je fais de tout, des tirelires, des pots. Je les vends crus pour aller à Santa Rosa, ou pour les deux fêtes de Tutazâ.
Ana — Dans quelles villes, vend-on les pots ?
Clara — Avant, on allait très loin pour vendre, jusqu'à Bogota, mais maintenant, seulement ici, à Duitama, ou Sogamoso. On ne va plus à Bogota. Il paraît que c'est très cher, le transport. C'est ce qu'ils disent toujours mais de là-bas, ils revenaient les poches lourdes d'argent.
Avec Isabel, 40 ans, dans la cuisine
« Ici, il faut chauffer, regardez, là, sous les pots, parce qu'on ne peut pas les mettre froids, et les cuire, vous voyez bien qu'ils se fendraient tous. Pour les chauffer sur le sarzo, il faut faire du feu en dessous, vous voyez, celui-là est très chaud, on peut l'emmener la- bas pour le cuire.
Ana — Est-ce que les hommes font des pots aussi ?
Isabel — Mon fils est le seul ici parmi les hommes. Lui, il fait des crèches, et toutes sortes de figurines. Ici les hommes ne travaillent pas comme dans le Tolima. Ici ce sont les femmes qui travaillent J'aimerais avoir un four, comme dans le Tolima, Peut-être que ce serait mieux. Parce que sur le sol, c'est très dur, on a trop chaud. C'est pour ça que plus personne ne le fait, tout simplement parce que c'est trop dur, depuis le commencement, apporter l'argile et le reste, alors tout le monde part et se met à faire de Yalfandoque, ce sont des friandises, comme on en fait à Belen. Là-bas, ce sont les gens d'ici qui le font. C'est que le travail de la terre, c'est bien dur. Ah, Sainte Vierge, si on pouvait trouver la manière... Mais non...
Ana — D'où vient cette façon de faire les pots ?
Isabel — Des indigènes... Non. Elle vient par tradition de la Sainte Vierge. Evidemment que ce hameau est sur la commune de Tutaza, et la Sainte Vierge, c'est celle de Tutazâ, c'est la seule, celle des pots, parce que quand Simon Bolivar a libéré la Colombie, elle est allée avec une poignée de cendres sur le champ de bataille, et elle est là, sur le tableau de l'église, on la voit là dans un nuage, et c'est de la cendre.

Ana Dolores Garcia
Dauphine Scalbert




Alain Gaudebert, "le fou du feu", article écrit par Dauphine Scalbert pour la revue de la Céramique et du Verre 2003, cuisson dans un four à bois blanc des pièces en Grès modelés, tournés, émaillés avec des couleurs vives, bruts, des textures (terre), pièce / œuvre unique, (Puisaye, minéral), fabrication de pots, marmites, jarres, tasses, bols, bouteilles, boîtes, décor, en argile, en porcelaine, sculptures totémiques... (céramiste) avec des Coulures, tour de potier, stage à Ratilly avec Norbert Pierlot, stage en ateliers poyaudins avec Ivanoff, visite de l'atelier de Deblander, (pyrite, couché, émail, formes, tournage),construction d' un four de type canadien (flamme,cuisson, émail de cendre, 1300° en oxydation ou réduction), pièce engobé (engobe), poudre de cuivre, d'oxydes, Création, enfourner, il fait parti d'une association des Potiers créateurs de Puisaye, à Treigny. Dauphine Scalbert dirige Terres Est-Ouest, TEO, (Est, Ouest), à lain, dans l’Yonne, 89, en Bourgogne, France, le centre de formation propose un concours Puisaye Forterre, des expositions (ExpoLain) et de l'art. Alain Gaudebert, "le fou du feu", article écrit par Dauphine Scalbert pour la revue de la Céramique et du Verre 2003, cuisson dans un four à bois blanc des pièces en Grès modelés, tournés, émaillés avec des couleurs vives, bruts, des textures (terre), pièce / œuvre unique, (Puisaye, minéral), fabrication de pots, marmites, jarres, tasses, bols, bouteilles, boîtes, décor, en argile, en porcelaine, sculptures totémiques... (céramiste) avec des Coulures, tour de potier, stage à Ratilly avec Norbert Pierlot, stage en ateliers poyaudins avec Ivanoff, visite de l'atelier de Deblander, (pyrite, couché, émail, formes, tournage),construction d' un four de type canadien (flamme,cuisson, émail de cendre, 1300° en oxydation ou réduction), pièce engobé (engobe), poudre de cuivre, d'oxydes, Création, enfourner, il fait parti d'une association des Potiers créateurs de Puisaye, à Treigny. Dauphine Scalbert dirige Terres Est-Ouest, TEO, (Est, Ouest), à lain, dans l’Yonne, 89, en Bourgogne, France, le centre de formation propose un concours Puisaye Forterre, des expositions (ExpoLain) et de l'art.