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MAITRE KASCHO MORIOKA
TROIS GENERATIONS DE POTIERS A KYOTO
Par Dauphine Scalbert
Article écrit pour la Revue de la Céramique et du Verre
mars/avril 1997 (No. 93)
Articles
écrits par Dauphine Scalbert
Yakimono : objet en terre cuite ; autrefois désigné par
les termes de Setomono à l'Est et de Karaisumono, à l'Ouest du
Japon. Car Seto, près de Nagoya, a toujours été le grand
centre de la céramique à l'Est du Japon et Karatsu, face à la
Corée, est devenu celui de l'Ouest.
Au dix-septième siècle, des potiers de Seto s'établissent à
Kyoto et fabriquent notamment de grandes jarres à l'aspect chinois pour conserver les feuilles dethé, ainsi que des bols à thé proches des bols coréens. L'émail plombifère qui offre une ample palette de couleurs amène à
l'émail sur grès et c'est une grande figure de la céramique japonaise, Nonomura Ninsei, qui donne à
Kyoto la dimension d'une capitale de la céramique destinée principalement à la cérémonie du thé.
Né à Tamba, Ninsei étudie à Seto avant d'installer son four à
Kyoto à la porte du temple de Ninna-Ji en l'an 1644. Il est entré
dans l'histoire avec ses jarres à thé et ses fins bols à thé en grès
ornés de paysages émaillés de couleurs vives, selon un procédé
qui demande plusieurs cuissons de températures différentes, et qui
est devenu par la suite la spécialité de Kyoto : kyôyaki.
Son émule Ogata Kenzan acquiert un renom plus grand
encore. Ses formes d'une grande sensibilité, plus innovatrices que
celles de Ninsei, sont décorées de merveilleux dessins car Kenzan,
avant de s'installer comme potier, était peintre et calligraphe. Son
nom est devenu un patronyme artistique héréditaire. Kenzan VI
le transmettra à son élève Bernard Leach.
Il est normal en Orient de
copier les œuvres des grands maîtres. Ainsi les pièces Ninsei et
Kenzan abondent-elles et il est parfois difficile pour les spécialistes de déterminer une pièce originale. Les innovations techniques et décoratives du maître potier Ninsei sont à l'origine de
la Ninsei-yaki, style de céramique caractéristique de Kyoto très prisée par les adeptes de la cérémonie du thé.
Kashô yô (four de Kashô), première génération
Kasuke naît à lga, en l'an 20 de Meiji (1886). A l'âge del5 ans, il
entre comme deshi (apprenti) dans une poterie d'lga. Cinq ans
plus tard, il a acquis une réputation de tourneur hors du commun
et part tourner à Kyoto sous les injonctions d'un maître-potier de
Kyomizu, le quartier des poteries.
En l'an 43 de Meiji, il part pour Séoul mais, ne pouvant trouver la
fabrique qui correspond à ses rêves et sans plus d'argent pour
étudier la céramique des dynasties Koryo et Lee, il se met à
fabriquer du tofu (pâté de soja) pour le vendre dans la rue et
gagner l'argent de son retour. Vendeur ambulant, il est aperçu
par Yamamoto, son employeur de Kyoto, qui le ramène au Japon.
Meiji 44 : Kasuke se marie avec une fille de son village et va
régulièrement à Kyoto où il fait le meilleur usage de ses bras dans
différentes poteries, approfondissant son savoir et gagnant ainsi en
confiance.
En l'an 4 de l'ère Taishô (1916) naît sa fille Kyoko et, à
partir de ce moment, il se dédie uniquement à la production
d'objets pour la cérémonie du thé. Il exécute les commandes de kaki
(vases à fleurs) et mizu sashi (récipients pour l'eau) dans le
style de son lga natal ; les cha-ire (récipients pour le thé vert en
poudre) sont des copies de style Tang qui demandent la plus gran-
de habileté. Puis viennent de nombreuses pièces à la manière
de Ninsei. C'est toujours le célèbre tourneur qui fait de
grands pots et, pendant son temps libre, il tourne les pièces maîtresses des autres ateliers.
En l'an 10 de l'ère Showa (1936), son gendre Masao et sa
fille Kyoko s'installent chez lui. C'est la seconde génération à
l'atelier Kashô de Kasuke. Kasuke part travailler dans les
ateliers de la campagne, loin de Kyoto. C'est une douée période
de sa vie, passée entre les rizières, au rythme du ciel et du soleil. Il
meurt à l'âge de 73 ans.
Sa femme Kaji est experte pour coller becs et manches des
théières. Elle travaille non seulement à l'atelier familial, mais
aussi dans d'autres poteries, où elle moule de petites assiettes, des
boîtes à encens et des portes-baguettes ; son travail est excellent et minutieux. Fait remarquable pour l'époque, grâce au travail de sa mère, Kyoko peut terminer ses études au collège de filles de Horikawa.
Kashô Yô, seconde génération
Meiji 45 (1913) : Masao naît à Tamba. D est le troisième fils de paysans ;
sa mère Yoshi travaillait comme employée de mai-
son dans un atelier de raku de Kyoto avant de se marier. C'est là
qu'elle envoie le petit Masao travailler, de façon à ce qu'il puisse
parallèlement aller à l'école primaire et au collège. Masao est
habile à monter les chawan (bols à thé) au colombin et, très rapide-
ment, il apprend à tourner. A 20 ans, il part travailler et se perfec-
tionner dans un atelier sur la colline de Gojô. Il a 25 ans quand
Kasuke le rencontre. Celui-ci apprécie par-dessus tout son tra-
vail et reconnaît ses qualités innées pour les chawan. Ainsi
l'invite-t-il à travailler avec lui et le marie-t-il avec sa deuxième
fille Kyoko. Etant donné ce don pour la réalisation des bols à thé,
tous attendent de lui qu'il devienne un excellent potier.
Eclate alors la seconde guerre mondiale. Masao est enrôlé et
doit partir pour la Sibérie, où il enseigne dans une fabrique de
céramique. Il est parmi les derniers à regagner sa colline de
Gojô et meurt précocement à 44 ans, ravagé par l'alcool. Il ne
brillera malheureusement pas dans sa profession comme on
aurait pu s'y attendre.
Mais on se souvient encore de ses vases can-
nelés, de ses chawan aux décors mishima (décor de sceaux incrus-
tés d'engobe blanc), hakeme (engobe posé avec un large pinceau), de ses ido chawan (bols à riz des paysans coréens en argile
grossière, couverte beige à la cendre) et de ses objets dans le
style de Kenzan.
Sa femme Kyoko, d'une très grande amabilité, a appris à
l'école les mathématiques, l'anglais, les beaux-arts et la
musique ; elle écrit les noms sur les jolies boîtes des chawan,
imprime les sceaux des décors mishima, peint merveilleusement
à la manière de Kenzan les branches de prunier, les chrysan-
thèmes et les volubilis.
En l'an Showa 26, elle part pour Yokohama soigner sa sœur
malade, mais succombe à la grippe.
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Suite de l'article:
Kashô Yô, troisième génération
En avril de l'an 12 de Showa naît Kashô Morioka. Il reprend à
dix-neuf ans l'atelier de son père défunt, se spécialisant lui aussi
dans les objets de la cérémonie du thé et expose continuellement à
Tokyo, Nagoya, Osaka. Quand sont interdits à Kyoto les noborigama pour cause de pollution
atmosphérique, il fait monter sur son four un gigantesque dispositif
d'absorbtion de la fumée. C'est le seul four à chambres
« biologique » de la ville, ainsi Kashô Morioka peut-il continuer
à cuire au bois de pin. Sa femme est professeur de la cérémonie du
thé, adepte de l'école Omotesenke, dont elle suit les
directives pour la création de nouvelles formes d'objets.
L'œuvre de Kashô Morioka est inséparable de la tradition solide-
ment ancrée à Kyoto, sur îa colline de Gojô, au pied du temple de
Kyomizu. Kashô Morioka excelle dans tous les styles mentionnés
ci-dessus, y allie un grand talent pour la peinture et le dessin. La
copie des pots célèbres, fait cou rant au Japon, se justifie par
l'admiration et le respect sans bornes des potiers pour l'œuvre
des ancêtres. Le maître m'encourage en me faisant observer un
bol coréen : « Persévère dans ton travail, me dit-il, et tu pourras toi
aussi l'imiter parfaitement. »
Maître Morioka tient de son grand-père un amour passionné
pour la terre et les pots coréens. Son œuvre de collectionneur est
superbe. Il traverse régulièrement le détroit de Tsushima en ferry
pour aller visiter les musées coréens et arpenter infatigable-
ment les sites des anciens fours à la recherche de tessons, égale-
ment pour rapporter dans son automobile de l'argile coréenne.
Ainsi reconnaît-il précisément les argiles des pots qu'il a réunis au
Japon et sait-il d'où ils proviennent.
Il me montre avec jubilation le fond d'un bol de sa collection
ainsi que le pied d'un bol, tesson ramassé sur le site d'un four.
Tous deux ont le même pied au quart de millimètre près et les
mêmes coups de kana (toumasin), des coups imprimés légèrement et
frappés sur le fond des bols par le potier du seizième siècle pour en
écouter le son et en mesurer l'épaisseur. Les deux bols ont été
tournés dans la même poterie par le même potier. Maître Morioka
retrouve les mêmes sceaux imprimés sur les pièces sans prix de sa
collection et sur les tessons qu'il a patiemment réunis. Il me regar-
de d'un air hilare en m'expliquant que telle bouteille à saké fait
« Konnichi-wa » (Bonjour) parce qu'elle est penchée de la même
façon que les Japonais qui se saluent...
Après une journée entière consacrée à satisfaire ma curiosi-
té, il me laisse sans voix en ouvrant une boîte en bois qui renferme un trésor que je n'aurais
jamais soupçonné. C'est en effet le seul objet de son espèce dans
tout l'Orient : la tortue-cadran solaire en porcelaine. Elle date
des dernières années de la dynastie Koryo ou des premières
années de la dynastie Yi (1390-1400). Le tesson en est tout à fait
blanc, d'un kaolin presque pur et finement tamisé. C'est un lourd
assemblage de parties tournées et modelées, qui ont cédé au sécha-
ge et à la cuisson, ce qui indique la tension subie. La couverte en
céladon est parfaite suivant les standards coréens ; juste équilibre
entre jade et azur, transparent comme l'eau claire, le céladon
laisse apparaître des inscriptions gravées très finement, d'une calli-
graphie savante témoignant de la précision scientifique des astro-
nomes de l'époque.
La tortue en Corée est vénérée comme symbole de longévité.
Silence. Dans quels jardins royaux a-t-elle mesuré le temps ?
Et quels voyages a-t-elle accompli avant d'arriver indemne entre
nos mains ?
Retour au présent. La colline de Gojô se souvient des fours
noborigama qui l'animaient autrefois. Les quatre filles de Morioka
ont toutes une profession artistique ; son jeune fils étudie la
céramique et perpétuera la tradition potière de la famille.
Dauphine Scalbert
"Maitre Kascho Morioka, trois générations de
potiers à Kyoto", article écrit pour la
revue de la céramique et du verre en 1997.
objet en terre cuite, des Jarres, des assiettes,
des portes-baguettes, des boites en raku, des bols en grès coréens, émail
avec de la couverte de céladon et d'engobe,
cérémonie du thé, four, cuissons, formes décorées et
copier des œuvres traditionnelles, pièces, techniques,
décoratives, poteries,
tourneur, atelier, moule,
peinture et dessin,
tesson, tournées, modelées, en colombin, cuisson, Dauphine Scalbert dirige Terres Est-Ouest, TEO, (Est, Ouest), à lain, dans l’Yonne, 89, en
Bourgogne, France, le centre de formation propose un concours Puisaye Forterre,
des expositions (ExpoLain) et de l'art.
"Maitre Kascho Morioka, trois générations de
potiers à Kyoto", article écrit pour la
revue de la céramique et du verre en 1997.
objet en terre cuite, des Jarres, des assiettes,
des portes-baguettes, des boites en raku, des bols en grès coréens, émail
avec de la couverte de céladon et d'engobe,
cérémonie du thé, four, cuissons, formes décorées et
copier des œuvres traditionnelles, pièces, techniques,
décoratives, poteries,
tourneur, atelier, moule,
peinture et dessin,
tesson, tournées, modelées, en colombin, cuisson, Dauphine Scalbert dirige Terres Est-Ouest, TEO, (Est, Ouest), à lain, dans l’Yonne, 89, en
Bourgogne, France, le centre de formation propose un concours Puisaye Forterre,
des expositions (ExpoLain) et de l'art.
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