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KIM LE POTIER
Par Dauphine Scalbert
Article écrit pour la Revue de la Céramique et du Verre
Articles
écrits par Dauphine Scalbert
Depuis Mungyong, il faut s'enfoncer dans une longue
vallée étroite, par une route poussiéreuse, pour arriver à
Kaipyong, village paisible s'il en est ; sa vieille pagode dans
la cour de l'école et ses statues bouddhistes usées par la pluie
dans les champs alentour. Il faut encore rouler sur un chemin
cahoteux, puis monter à pied par un sentier caché, jusque chez
le potier Kim. Au détour du sentier, apparaît le toit en pente
du four, et c'est là.
Mes visites à Kaipyong avaient lieu en automne, quand le ciel
d'Orient est d'un bleu si profond que tous les cœurs sont sereins et
que les collines emmagasinent encore la chaleur de l'été. Maître Kim
est un homme au regard limpide et au sourire confiant, qui fait des
pots quand les travaux des champs lui en laissent le loisir, dans
l'atelier du grand-père de son grand-père ; les mêmes pots
qu'autrefois, avec les mêmes matériaux qu'il apporte sur son dos et
qu'il prépare sans l'aide d'aucune machine, car aucune machine n'est
jamais arrivée dans ce lieu reculé. Les mêmes pots qu'a loués Yanagi
car ils sont près de l'Ame et que la Nature en offre les matières
premières à même le sol, à celui qui a appris à les discerner avec
l'intuition que lui ont transmise ses ancêtres.
Maître Kim tourne l'argile que lui prépare son frère, dans son
atelier de terre battue et de chaume. Sur Yondol, le sol chauffé par
l'ingénieux système millénaire en Corée, sèchent les séries de bols,
de bouteilles pour servir l'alcool, d'encriers pour frotter la pierre à
encre, de vases ronds et pansus. Ils sont enduits d'engobe au pinceau,
d'une manière rapide et généreuse, sans préoccupation pour le
résultat Kim et son frère dessinent sur les bouteilles quelques
herbes, sur les petits vases quelques volutes, sur les plus grands
vases des dragons enfantins, des tigres charmants (le tigre est craint
et vénéré comme symbole de l'esprit coréen), à l'oxyde de fer. Les
émaux et oxydes dont le potier se sert viennent des montagnes
voisines et sont broyés avec un pilon ensarté dan"s la poutre qui se
soulève et s'abaisse avec le poids de l'homme actionnant ce rustique
balancier.
Maître Kim cuit son four à cinq chambres trois fois par an, pose
les pots sur un support saupoudré de sable grossier, lequel témoigne
comme signature de la montagne à la base des pièces.
Point de plaques d'enfournement. Je pense que le produit de ce four n'a guère
changé depuis deux cents ans ; le seul livre que possède ce potier est
un catalogue jauni et corné des poteries de la Dynastie Yi au Musée
National de Séoul.
La clientèle n'est ni locale ni rurale et malgré la distance, les
meilleurs acheteurs sont encore les adeptes de la cérémonie du thé au
Japon ; ainsi Maître Kim emporte-t-il de temps en temps quelques
caisses de bols avec lesquels il traverse le détroit de Corée en ferry-boat.
Le prix de ses œuvres est multiplié par quatre de l'autre côté de
la mer ; les Japonais comprennent que le paysan coréen travaille
avec une ardeur et un style exempt de toute sophistication. La beauté
surgit entre ses mains car il ne la recherche pas mais se contente de
l'accepter.
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Suite de l'article:
Lors de ma dernière visite à Kaipyong, je ne trouvais point Maître
Kim ; son frère, resté avec les bêtes, me donna la nouvelle adresse
du four dans un faubourg de Mungyong. C'est là qu'ils l'ont
construit, sans plan aucun mais peut-être de la même façon qu'un
escargot construit sa coquille autour de l'espace vital. Un four
rondouillard à trois chambres, le plus amical que j'aie jamais vu.
Que deviendront dans la ville de Mungyong les tigres et les dragons
des pots de Kim au cœur de la Corée ? L'expression du potier sur le
flanc d'une colline perdue deviendra celle de l'habitant d'un faubourg
citadin...
Dauphine Scalbert
"Kim, le potier", article écrit pour la revue de la
céramique et du verre en 1995. maître Kim travaille dans son atelier
fabricant ses pots en terre, séries de bols, de bouteilles,
d'encriers, de vases recouverts d'engobe mise au pinceau, d'émaux
avec de l'oxyde de fer, broyés au pilon, et cuit dans un four à 3 chambres.
(cérémonie du thé au Japon). Dauphine Scalbert dirige Terres Est-Ouest, TEO, (Est, Ouest), à lain, dans l’Yonne, 89, en
Bourgogne, France, le centre de formation propose un concours Puisaye Forterre,
des expositions (ExpoLain) et de l'art.
"Kim, le potier", article écrit pour la revue de la
céramique et du verre en 1995. maître Kim travaille dans son atelier
fabricant ses pots en terre, séries de bols, de bouteilles,
d'encriers, de vases recouverts d'engobe mise au pinceau, d'émaux
avec de l'oxyde de fer, broyés au pilon, et cuit dans un four à 3 chambres.
(cérémonie du thé au Japon). Dauphine Scalbert dirige Terres Est-Ouest, TEO, (Est, Ouest), à lain, dans l’Yonne, 89, en
Bourgogne, France, le centre de formation propose un concours Puisaye Forterre,
des expositions (ExpoLain) et de l'art.
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