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LEE YOUNG-HO
LA SIMPLICITE DE LA PORCELAINE
Par Dauphine Scalbert
Article écrit pour la Revue de la Céramique et du Verre
mars/avril 2005 (N°141)
Articles
écrits par Dauphine Scalbert
Entre les collines de Tomari, les travailleurs agricoles finissent de récolter le chou, récolte
d’automne pour le kimchi d’hiver. Les piles de légumes sous les parasols rythment le contre-jour du
soleil couchant, de très récentes tours urbaines sont à l’horizon ténu de ce paysage. Le calme du soir
m’est bienvenu après la visite des expositions à Icheon, vaste lieu de rencontres des expressions du
monde céramique contemporain. J’ai demandé mon chemin à plusieurs reprises et je me trouve devant la
porte de l’atelier que je fais glisser en appelant, voici la douce odeur de l’argile, la tranquillité
de la musique classique, et le potier arrive.
J'avais voulu lui rendre visite car j'avais été séduite par la douceur et l'éclat de la couleur blanche
pour une vaisselle d'une très grande simplicité. Lee Young-ho fabrique de l'usuel, des tasses, des plats,
des théières... des compte-gouttes et des porte- pinceaux pour le calligraphe. Depuis qu'il a construit
son atelier à lcheon, il travaille uniquement la porcelaine en une quête tranquille et constante de la
perfection et de la pureté de la couleur.
L'histoire du blanc est longue en Corée.
Déjà le peuple de Puyo, habitant du Nord aux premiers siècles de notre ère, 'était appelé " le peuple de
blanc p pour la couleur de ses virements. Quinze siècles plus tard, les voyageurs de la Corée de Choson
rapportaient dans leurs récits les images d'une population vécue de coton, ramie, et chanvre écrus et
éclaircis par l'usage et le lavage, vivant dans les maisons blanchies aux fenêtres et portes tendues
de papier écru. Blanc de la simplicité liée à l'économie, quand les coûteux colorants étaient réservés
aux teintures des vêtements de fête, des nobles et de la Cour, blanc de la frugale éthique confucéenne,
blanc symbolisant naissance et pureté, blanc couleur de deuil - c'est-à-dire retour à la naissance -
porté pendant les trois années suivant la mort du roi, la mort des parents. . . Ainsi se trouvèrent
modelés l'usage, la sensibilité et l’appréciation pour cette couleur absente de couleur et pour ses
variantes de neige, de lait, de jade, et ses nuances brillante, pure, chaude, transparente,
immaculée, écrue, limpide, douce, noble.
Dans l'atelier clair et calme, c'est comme un jeu, Lee et sa femme me donnent une liste exhaustive de
tous les blancs, leurs variations de tonalité et d'éclat ; la richesse du vocabulaire Corée et sino-coréen
per- met toutes ces nuances. Dans la réserve, la vaisselle rangée, étalée, empilée, semblerait monotone
à l’œil non averti, les imperceptibles différences de ces séries si semblables paraissent mystérieuses.
Ni la finesse ni la translucidité de la porcelaine ne sont ici des critères, mais l'éclat et la
tendresse de la couleur, ainsi que l'élan vital ressenti dans les lignes. Ce qui me surprend le plus
est l'aspect chaleureux de cette vaisselle au toucher, et à l'usage, une irrésistible tranquillité
se dégage au contact de ces objets quotidiens. C'est précisément ce vers quoi tend ce potier encore
jeune - il a juste la quarantaine : " Si je peux procurer à l'usager de mes pots un sentiment de
tranquillité, je serai satisfait de mon travail. Le repas est un moment de repos quand la vaisselle
est blanche et absente de décor. "
Suite de l'article, cliquez ici
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Suite de l'article:
Quand Lee tourne et tournage, il me semble que ses doigts posés
avec douceur et fermeté sur des formes pures et simples renvoient au matériau sa propre douceur,
celle de la porcelaine si délicate à travailler.
Il tourne et émaille les bols par centaine sans lassitude. Le bol pour la soupe est ouvert, comme on
la prend avec la cuillère, le bol pour le riz est plus haute plus étroit.
Les théières et les tasses sont très petites, le thé vert se boit en petite quantité, car son goût est
subtil et délicat. Les bouteilles pour l'alcool ont un col confortable à saisir pour servir. Les Coréens
apprécient beaucoup un contact doux et soyeux de l'émail.
De nos jours bien sûr la fabrication des objets usuels en petits ateliers est réduite mais les beaux
ustensiles pour la calligraphie sont toujours fort appréciés. Depuis les temps très anciens, les Coréens
sont viscéralement attachés aux lettres et à. la poésie. Lee Young-ho aime fabriquer des compte-gouttes
et des portes- pinceaux pour la fantaisie qu'il peut y exprimer, tout en conservant une réelle rigueur
dans l’équilibre des formes et des volumes. Les pans et les facettes reçoivent et renvoient la lumière
dans un très doux jeu de blancs. " De nos jours, il est difficile de trouver une belle porcelaine pour
travailler Parmi les argiles commercialisées, je n'en trouve pas dont l'éclat et la blancheur me
satisfassent. Les bonnes veines des carrières de Yèoju sont épuisées. »
J'ai aimé les pièces qu'il avait présentées à Kwangju pour l'exposition de céramique traditionnelle
contemporaine en 2001.
C'étaient un plateau et une boîte au tesson cru et brut de couleur blanche tirant vers le grège.
Lee m'a montré les bacs où décantait cette argile hélée de fin sable beige rapportée d'une colline
voisine. " La porcelaine dont je rêve c'est celle de Yanggu. Mais c'est loin et les veines d'argile
sont en zone militaire, on n'y a pas accès. Je connais des cultivateurs là-bas, un jour, j'irai en
chercher ! "
Lee est allé l'an dernier à Yanggu en bordure de la zone démilitarisée, avec un camion
et une petite pelleteuse, il en a rapporté treize tonnes d'argile blanche, si blanche, excaver dans le
lit d'un gros ruisseau. Les yeux de son ami Hwang brillaient quand il m'a raconté l'expédition, ses
mains esquissaient le geste de celui qui ramasse la terre, me décrivant l'argile qui ressemblait à de
l'argent.
Cette porcelaine après la cuisson a une densité et une luminosité qui l'apparentent à un métal
précieux. Quelques pièces que j'ai vues de cette nouvelle production de Young-ho ont un caractère d'une
précision mathématique plus rigide que tendre, uriques coupelles avec un pied ont une légèreté très
aérienne, un poisson pour la calligraphie semble être un objet précieux de pure abstraction, ils
m'invitent à comprendre pourquoi le potier avait tant rêvé de cette argile mythique de Yanggu.
L’ami de Young-ho tente de m'expliquer: " Il est difficile de comprendre et d'apprécier le blanc.
ça prend du temps et de nos jours c'est de plus en plus difficile. On le ressent avec tout le corps,
et surtout avec l'estomac. Et puis, il est tellement enraciné dans notre histoire ! "
Dauphine Scalbert
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"Lee Young-ho, la simplicité de la porcelaine", article écrit pour la
revue de la céramique et du verre, récolte pour le kimchi d'hiver en Corée, expositions contemporaines,
Atelier de potier (Choson) travaillant l'argile afin de fabriquer des objets usuels:
tasses, plats, théières, bol, bouteille, compte-gouttes, portes-pinceaux, pots, vaisselle...
pièce tourne (tournage), émaille (émail, transparent), avec ou sans décor (couleur, colorants, blanc),
calligraphe, pureté des formes (pures). Dauphine Scalbert dirige Terres Est-Ouest, TEO, (Est, Ouest), à lain, dans l’Yonne, 89, en
Bourgogne, France, le centre de formation propose un concours Puisaye Forterre,
des expositions (ExpoLain) et de l'art.
"Lee Young-ho, la simplicité de la porcelaine", article écrit pour la
revue de la céramique et du verre, récolte pour le kimchi d'hiver en Corée, expositions contemporaines,
Atelier de potier (Choson) travaillant l'argile afin de fabriquer des objets usuels:
tasses, plats, théières, bol, bouteille, compte-gouttes, portes-pinceaux, pots, vaisselle...
pièce tourne (tournage), émaille (émail, transparent), avec ou sans décor (couleur, colorants, blanc),
calligraphe, pureté des formes (pures). Dauphine Scalbert dirige Terres Est-Ouest, TEO, (Est, Ouest), à lain, dans l’Yonne, 89, en
Bourgogne, France, le centre de formation propose un concours Puisaye Forterre,
des expositions (ExpoLain) et de l'art.
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