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TÔK
POTERIE UTILITAIRE EN COREE
Par Dauphine Scalbert
Article écrit pour la Revue de la Céramique et du Verre
février/mars 1985 (N°10)
Articles
écrits par Dauphine Scalbert
Sur les toits des maisons, dans les cours intérieures, sur les balcons
des immeubles, devant les restaurants, ils sont partout présents ces
"Tôk". Proches par leur forme et leur usage de nos antiques saloirs
occidentaux, ils font encore partie en Corée de la vie quotidienne ;
est-ce pour cela que l'on oublie de les regarder, de les caresser du
regard plutôt, car ils sont chargés d'une poésie anonyme, celle
qu'impriment les doigts de potiers, les flammes et les cendres des
fours ? Ces "four-dragon" – ainsi appelés car ils sont immenses et
impressionnants - sont au bord des routes dans toutes les provinces
coréennes, le toit des fours en pente épouse la pente d'une colline, et
à leur pied, de vastes ateliers au toit de chaume ou de tôle.
Non loin de Séoul, à 60 kilomètres sur la vieille route qui mène à
Icheon, il est un village de potiers que l'on aperçoit facilement sur la
droite à cause de ses quatre vastes fours qui grimpent sur les collines.
C'est Saniri. Les nombreuses visites que j'y ai faites n'ont pas
encore modéré mon émerveillement de voir les potiers aux gestes
séculaires former leurs jarres aux formes séculaires.
Entre deux murs gris un petit chemin de terre battue mène aux
ateliers. Un instant d'hésitation à la porte, la chaude lumière du jour fait
place à une pénombre humide, un instant est nécessaire pour que les
yeux s'y habituent, et les oreilles, au régulier claquement sec de
battes et de maillets sur la terre molle. Ça résonné dans l'espace
sombre et vaste avec la musique aigrelette d'une radio et au loin,
près d'une rangée de fenêtres, une rangées de tours, et partout, partout,
des rangées de pots. Les tours sont en bois, aussi stables que massifs, car
on y fabrique des "Tok" qui font jusqu'à un mètre de haut. Tous
les pots, grands et petits sont faits de colombins ou de plaques superposés.
Pendant que les potiers tournent, ils sont quatre ou cinq, deux
hommes accroupis préparent les colombins, les tapant, les retapant
sur le sol pour les allonger, d'un rythme qui claque.
Avant de tourner chaque pot, le potier soupoudre de sable fin la
girelle du tour pour empêcher la pièce d'y coller. Avec une planchette de bois, une boule de terre
est aplatie pour former le fond du pot; les colombins sont enroulés et
pressés fermement au rythme lent du tour, la paroi ainsi formée est
amincie entre les outils que tient le potier, par le battement de la batte
contre la mailloche; une estèque et un minimum d'eau lissent la paroi
maintenant fine. Un petit pot, cinq minutes sont de trop pour le fabriquer.
Plus grand, les opérations sont répétées deux, trois ou quatre
fois suivant la taille et le potier doit rehausser son banc d'une caisse de
bois. Son air nonchalant est le produit de sa longue habitude, mais la
concentration est indispensable, les visiteurs ne reçoivent ni paroles ni
regards. Lors de la pause-cigarette, par contre, il dispense les informations
avec patience et bonne grâce.
Les curieux sont libres de se promener tranquillement parmi les ateliers,
les entrepôts de séchages, les fours et les aires de préparations de la terre.
La terre utilisée est un mélange d'une terre rouge locale et
d'une autre plus plastique. Apportée par camions, par tonnes, elle est
mélangée avec de l'eau dans de grands bacs, la barbotine ainsi
obtenue est filtrée de façon à en éliminer les impuretés. Elle sèche
ensuite au soleil pendant plusieurs jours, et quand elle a la bonne
consistance, transportée à l'atelier, l'argile est battue sauvagement à
l'aide d'un gros maillet pour éliminer bulles d'air et grumaux qui au
tournage, ne pardonneraient pas.
C'est un travail de force et de longue haleine, cela représente des
milliers d'heures et beaucoup de sueur. Pour des milliers de jarres,
grandes et petites, qui s'alignent dans les locaux vétustes pour sécher.
Lorsque les pots sont parfaitement secs, ils sont émaillés d'un mélange
de cendre et d'argile rouge. L'ouvrier fait tourner le pot dans le
liquide épais pour le recouvrir uniformément d'une fine pellicule, le
pose la tête en bas pour l'égoutter un peu, et doucement de la main, il
essuie l'émail de la base. Il dépose le pot sur le sol et d'un doigté parfaitement
sûr et rapide, il dessine un jet d'herbes folles; en raclant
ainsi la surface de l'émail encore humide avec son doigt, il met à nu
l'argile et apparaîtra ce décor, après la cuisson, en rosé et mat sur le
fond brillant. Un jet d'herbes folles ou un éclair ressemblant à un pois-
son, rien de précis ni de soigné dans ce dessin recommencé toutes
les dix secondes. Mais ici, la beauté du tracé est toute dans la spontanéité
et la vigueur.
Les poteries maintenant sont prêtes pour la cuisson Le four est
un dragon qui contient environ 3000 pièces, jarres et saloirs. Comment est-ce possible ?
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Suite de l'article:
En pente une cinquantaine de mètres de long, quatre de large, trois de haut
les potiers y rentrent par une porte latérale pour y placer leurs pots, le:
petits à l'intérieur des moyens, les moyens dans les grands, en piles de trois et
en rangs serrés, cela sur cinquante mètres. Il suffit de laisser
entre les piles un étroit espace nécessaire à la combustion du bois
de longues et fines planches ou branches que l'on jette par un orifice latéral.
La cuisson dure une semaine et nécessite plusieurs
tonnes de bois. On alimente la gueule du "Four-Dragon" pendant
plusieurs jours avant de continuer à alimenter par des orifices latéraux
de bas en haut suivant la pente au fur et à mesure que grimpe la température
(jusqu'à 1000 C°). Après deux jours de refroidissement, les
pots peuvent être détournés. Avec une petite barre d'acier, on les
frappe d'un coup sec pour vérifier qu'ils produisent un son cristallin et
qu'ils ne sont pas fêlés. S'ils sont fêlés ou cassés, on les achève en les
jetant sur la pile de tessons. Autrement, on les charge directement
sur les camions qui partent vers les villes et les marchés. Le prix d'un
pot varie, au sortir de la fabrique, entre 2000 et 10.000 W, c'est-à-dire
20 et 100 F, suivant la taille. La couleur oscille entre brun et noir. elle
est chaude et vivante à cause de la flamme du feu de bois.
Comment se fait-il qu'en Corée, à l'ère du frigidaire, ont ait encore
un tel besoin de ces jarres utilitaires ? Elles sont indispensables à
la vie coréenne, et même lors de la guerre, alors que toute activité
avait cessé, on les produisait encore en de rares ateliers ! Elles
sont appelées aussi "Kimchi-Tôk".
Le kimchi est une préparation à base de chou ou de radis assai-
sonné de piment, d'au, de gingembre ou autres, suivant le goût et les
idées des cuisinières, et il se mange plus ou moins fermenté. En
hiver, bien sûr ces légumes ne peuvent pousser, et on les conserve
pendant les mois rigoureux, les jarres étant enterrées dans le sol
pour protéger les aliments du gel.
On y stocke encore en toute saison, le kanjang, sauce de soja,
le kochujang, c'est une purée de piment, farine et huile de sésame,
le twenjang, soja fermenté, et encore d'autres ingrédients variés.
Les "Tôk" sont indispensables à la fabrication et la fermentation des
vins tels que makkolli ou tongdong-ju.
Mis à part ces saloirs pour la préparation et la conservation des aliments,
on fabrique dans les ateliers les casseroles de terre dans lesquelles on fait cuire le chigé, une
soupe très piquante et savoureuse, et ces casseroles à l'ouverture
étroite dans lesquelles on fait bouillir longtemps les herbes et racines
des remèdes traditionnels. En effet, on prépare des mets plus appétissants et
plus sains, dit-on, dans des récipients d'argile. Un autre récipient typiquement coréen est le
shilu. C'est une casserole à deux anses dont le fond est percé de
trous et qui sert à cuire les gâteaux de riz à la vapeur. Le shilu n'est
jamais émaillé, tout comme les pots de fleurs. Ceux-ci ne forment
qu'une toute petite partie de la production.
Certes il est assez étonnant de voir que dans ce pays qui s'est rapidement industrialisé,
la production artisanale des "Tôk" n'a pas perdu
son caractère. Les "Tôk" font, en plus, partie du paysage coréen ;
chaque maison et chaque appartement a son assortiment de "Kimchi-Tôk".
Remplis, ou bien souvent vides, ils ornent les balcons ou les
arrière-cours, et sont aussi un signe extérieur de richesse et de prospérité.
Dauphine Scalbert
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"Tok, poterie utilitaire en corée", article écrit pour la
revue de la céramique et du verre en 1985.
Saloirs occidentaux faits par des potiers dans des ateliers, émail à base de
cendres, (cuisson, fours, bois), fabrication de pots en terre d'argile
de jarres, de casseroles, tourner (tour), en colombins et en plaque avec une estèque
(barbotine). Dauphine Scalbert dirige Terres Est-Ouest, TEO, (Est, Ouest), à lain, dans l’Yonne, 89, en
Bourgogne, France, le centre de formation propose un concours Puisaye Forterre,
des expositions (ExpoLain) et de l'art.
"Tok, poterie utilitaire en corée", article écrit pour la
revue de la céramique et du verre en 1985.
Saloirs occidentaux faits par des potiers dans des ateliers, émail à base de
cendres, (cuisson, fours, bois), fabrication de pots en terre d'argile
de jarres, de casseroles, tourner (tour), en colombins et en plaque avec une estèque
(barbotine). Dauphine Scalbert dirige Terres Est-Ouest, TEO, (Est, Ouest), à lain, dans l’Yonne, 89, en
Bourgogne, France, le centre de formation propose un concours Puisaye Forterre,
des expositions (ExpoLain) et de l'art.
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